L’achat d’une part de cheval de course, c’est risqué, mais ça peut rapporter gros. Et ce n’est ni inabordable, ni réservé aux pro du turf. A condition de se faire accompagner d’un bon conseiller. Un bout de cheval, en copropriété; C’est le dernier placement à la mode, Alléchant mais risqué, “L’investissement dans un cheval de course, c’est comme la Bourse “.. assure Didier Louis, qui a longtemps œuvré dans le monde du cyclisme professionnel avant de basculer vers une carrière de courtier en canassons…
Pour les accro des hippodromes, la passion justifie la dépense, et il n’y a rien de nouveau. Ce qui est frappant, en revanche, c’est le nombre de béotiens devenus adeptes, qui cherchent de nouvelles formes de diversifications patrimoniales. A juste raison : pendant sa carrière, un cheval prêt à courir, bien soigné, bien entraîné et bien” drivé “, représente de réelles chances de gains. Et lorsqu’il part à la” retraite”, sa revente comme étalon ou poulinière peut permettre de dégager l’ une plus-value intéressante. S’il a connu une brillante carrière, il pourra aussi être gardé comme étalon : chacune de ses saillies se vendra autour de 3000 €. Mais le risque fait partie du jeu : des achats s’avèrent non rentables, d’autres engendrent des peltes cuisantes. Les assurances, par exemple, ne couvrent que la mortalité de l’animal, mais pas les blessures qui peuvent briser sa carrière. Par conséquent il est impératif, avant toute acquisition, de se faire conseiller par de ” vrais” spécialistes. “Il faut de trois à six mois pour se rendre compte de la qualité d’un cheval explique Didier Louis, qui travaille surtout dans le ” prêt à courir” et gère de A à Z le “portefeuille équin” de ses clients (achats, formalités administratives, soins, entraînements. calendriers des courses”). S’il n’est pas bon, on le vend. Pas la peine que les propriétaires continuent et payer les frais d’entretien pour rien. Malheureusement, il y a pas mal de margoulins dans ce milieu. . . ” Prudence et discernement, donc. D’autant que le petit monde de la course hippique est pour le moins opaque. Voici quelques informations qui vous aideront à y voir plus clair.
Comment s’associer ?
Pour les courses de trotteurs, c’est la Société d’encouragement à l’élevage du cheval français (SECF) qui réglemente les courses. Elle édite le Code des courses au trot (un exemplaire peut être demandé au siège). Ce règlement s’impose à toutes les personnes qui exercent une activité ou possèdent un intérêt quelconque dans ce secteur, y compris les propriétaires. La SECF autorise l’association de six copropriétaires au maximum. Elle propose des statuts types d’associations ou des sociétés, mais aucune structure n’est aujourd’hui prévue pour accueillir, rassembler et assister les amateurs désirant s’associer. “Quatre parts pour un cheval, c’est l’idéal”, explique Didier Louis. Vous pouvez bien sûr vous associer avec des amis, mais aussi avec des inconnus qui poursuivent le même objectif que vous.
Comment obtenir ses couleurs ?
Pour pouvoir engager un cheval dans une course, son propriétaire doit être titulaire de couleurs enregistrées auprès de la SECF. Le postulant adresse un dossier complet et propose un dispositif de couleurs (casaque et toque). L’agrément donné par les commissaires de la SECF sous forme de l’attribution de couleurs n’intervient en général qu’après une enquête administrative assez longue car les critères sont assez sélectifs : il faut être majeur, de bonne moralité, et disposer de ressources suffisantes pour l’entretien du cheval. Après l’obtention des couleurs et si vous avez eu au moins un partant dans l’année, une carte de propriétaire vous est délivrée, qui vous donne un accès permanent aux hippodromes.
Comment ça s’achète?
Il existe trois possibilités : aux enchères, de gré à gré, et les ventes dites” à réclamer ” .
Les enchères
La vente se fait lors d’enchères organisées surtout par Goffs France et l’Agence française du trot. Les grandes ventes se déroulent lors du week-end du Prix d’Amérique, à l’occasion de réduction d’effectifs de grandes écuries et lors des vacations de yearlings.
Le gré à gré
L’achat se fait directement auprès de l’éleveur pour les yearlings et les chevaux non qualifiés, mais aussi avec les propriétaires qui désirent vendre leurs chevaux pour réduire leur effectif et par là même, leurs frais.
A réclamer
Une course à réclamer permet d’acquérir un cheval à un prix de vente minimum stipulé dans les conditions de la course. Une urne permet de recueillir les bulletins des éventuels acquéreurs, l’offre la plus importante étant retenue lors du dépouillement desdits bulletins, environ quinze minutes après la course. Ce type de course permet à des chevaux de catégorie moyenne, qui n’ont que peu de courses à leur disposition, d’augmenter leur gain de course. La plupart d’entre eux ont connu une croissance tardive ou des soucis de santé et ils arrivent à maturité à l’âge de 4 ou 5 ans. L’avantage : il s’agit de chevaux prêts à courir et que l’on peut voir évoluer lors de la course avant de procéder aux offres. Le coût d’acquisition d’un cheval à réclamer va de 10000 à15000 €. Pour une co-association de quatre propriétaires, par exemple, la part de chacun (25 %) varie de 2500 à 3750€.
Combien ça rapporte ?
La carrière de course du trotteur peut être de longue durée : de cinq à huit ans. Les sommes gagnées peuvent donc être importantes, d’autant que les courses sont nombreuses toute l’année, en province et à Paris. Chaque course reçoit une dotation qui est répartie entre les sept premiers chevaux à l’arrivée. Le vainqueur emporte la moitié de la dotation. Les dotations sont variables ; elles vont de quelques milliers d’euros pour les petites courses de province jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros pour les grandes courses classiques à Vincennes. C’est la qualité du cheval qui détermine son droit de participation à certaines courses ou à d’autres. En règle générale, les conditions d’inscription sont basées sur l’âge du cheval et sur le cumul des gains acquis depuis le début de sa carrière.
Comment on partage ?
Les gains du cheval sont répartis au prorata des parts déduction faite, suivant l’usage, d’une prime de 15 % pour l’entraîneur et de 5 % pour le driver. Par exemple. pour une part de 20 % (cinq copropriétaires) et un gain de 20000 €, 20 % iront au driver et à l’entraîneur soit 4000 €, il reste 16000€ à répartir, soit 3200 € pour le propriétaire de la part. Il faut savoir qu’en Europe, c’est la France qui distribue le plus de prix dans les compétitions hippiques. Pour le galop, le trot et l’obstacle, le total des allocations versées par an atteint 315 millions d’euros. A Paris, le gain moyen d’une course est de 18000 €, plus les primes, net d’impôts, dont la moitié va au propriétaire.
Ces gains sont-ils imposés?
Non ! Le propriétaire ou copropriétaire” non intervenant”, c’est-à -dire qui n’intervient pas directement dans la carrière de course du cheval, bénéficie d’une exonération totale d’impôts sur les gains. Les gains en course ne sont pas imposables si les propriétaires ne sont ni éleveurs, ni entraîneurs et qu’ils se contentent de confier l’exploitation de la carrière à un entraîneur professionnel. Mais si une plus-value est réalisée lors de la revente du cheval, elle sera taxée sous un régime voisin des plus-values immobilières, avec toutefois, des abattements plus importants.
Combien ça coûte?
Le prix moyen pour acquérir un cheval de course ” prêt à courir” est de 25000 €. Pour une part, selon la valeur du cheval, comptez donc environ entre 3000 € et 8000 €, Les principaux frais durant la carrière de course du cheval correspondent aux prestations versées à l’entraîneur, au vétérinaire, au maréchal-ferrant, aux drivers, et aux frais de transport. Les coûts d’entretien évoluent dans une fourchette de 750 € par mois en province à 1150€ par mois en région parisienne, à répartir entre les différents copropriétaires.
Philippe Kallenbrunn – Réponse à tout