Acheter un cheval de course en parts
Acheter un cheval de course, c’est le rêve de la plupart des parieurs, faire courir, et gagner, un cheval de course sous ses propres couleurs. Dans l’imagerie populaire, un tel propriétaire arbore un costume trois pièces, un cigare et… un portefeuille bien garni. D’ailleurs, ce portrait est plutôt juste, en tout cas pour le portefeuille. Mais pour les revenus plus modestes, il existe une autre solution : se regrouper et acheter un cheval de course en copropriété. S’il se révèle bon, c’est le jackpot, d’autant que les gains du cheval sont exonérés d’impôts !
Je me souviens d’avoir lu, adolescent, la belle histoire d’un cheval américain sauvé de justesse et qui, bien soigné et bien entraîné, avait fait ensuite une belle carrière. Après tout, il peut s’avérer plus intéressant de faire un pari en co-achetant un cheval de course plutôt qu’en pariant semaine après semaine sur des équidés qui ne vous ont pas été présentés… L’émotion n’est pas la même.
Ajoutons que lorsqu’un cheval de course devient un crack, il rapporte moins au parieur – c’est la logique même des courses – alors qu’il devient une fabuleuse affaire pour ses propriétaires qui additionnent gains des courses, valorisation à la hausse du cheval et profit de ses futures saillies éventuelles.
Nota : pour un étalon ayant eu un beau parcours, une saillie peut se négocier plusieurs milliers d’euros… ou beaucoup plus !
Le propriétariat n’est plus un rêve fou réservé à une élite évoluant au sein d’un club fermé. Il est aujourd’hui un loisir accessible quels que soient la disponibilité financière, la situation géographique ou le degré d’initiation. Être propriétaire, c’est évidemment vibrer pendant les minutes que dure la course, envahi par l’émotion, porté par la clameur du public, heureux de voir ses couleurs passer le poteau et de partager les victoires en famille, entre amis, avec l’entourage du cheval. Gagner le Prix de l’Arc de Triomphe est le rêve de tout propriétaire, mais participer à une course c’est déjà mener une équipe autour d’un athlète, c’est être au cœur de la compétition et ressentir le grand frisson du vainqueur les jours de victoire.
Prix d’un cheval de course ?
Un jeune cheval avec du potentiel se négocie à partir de 20 000 € HT. Ensuite, il coûtera 800 € à 1 500 € par mois en hébergement, soins, entraînement, vétérinaire et transport (et trois fois moins lorsqu’il est mis au pré). En répartissant ces sommes entre 10 investisseurs, la part de chacun est donc d’environ 2000 € HT à l’achat .
Nota : un yearling, un jeune cheval n’ayant pas encore couru, peut se négocier à 15 000 € hors frais d'entrainement avant qu’il ne fasse de vraie course.
En France, les courses de trot et de galop sont gérées par des sociétés différentes, qui ont des règles différentes en ce qui concerne les associations de propriétaires.
- Le trot : la société d’encouragement à l’élevage du cheval français (SECF) autorise jusqu’à 10 copropriétaires.
- Le galop : France Galop a fixé un maximum de 6 copropriétaires.
Pour que cela puisse fonctionner correctement, les copropriétaires élisent l’un d’entre eux associé dirigeant. Celui-ci sera chargé de faire les appels de fonds chaque trimestre (pour couvrir les frais du cheval), de répartir les gains, d’organiser des visites, etc. Mais en cas de décision importante, il devra demander le vote des copropriétaires.
Mais il existe une autre solution, pour les budgets plus petits : les écuries de groupe. Ce sont en fait des sociétés, SARL ou SA, qui investissent dans des chevaux de course. La SARL compte au plus 15 associés et la SA ne dépasse pas 100.
Nota : dans tous les cas, les copropriétaires doivent être agréés par France Galop ou la SECF.
Par exemple, le dossier vous coûtera 300 € chez France-Galop, avec remboursement si votre candidature est écartée. Cela se fait au bout d’une enquête de l’administration qui vérifie la bonne moralité et les ressources de chacun. N.D.L.R. : certaines professions, comme les notaires et les débitants de tabac, subissent le même type d’enquête approfondie avant de pouvoir exercer.
Une fois que vous êtes agréé, votre cheval se voit octroyer des couleurs. Si le cheval fait au moins une course par an, vous aurez droit à une carte de propriétaire : vous accédez alors sans frais frais aux hippodromes !
Nota : en contactant la SECF et France Galop, vous obtiendrez des statuts types d’associations ou des sociétés.
Comment acheter un cheval de course
C’est un peu comme pour l’achat d’une voiture, il existe différentes filières :
De gré à gré ; Il peut s’agir d’un éleveur ou d’un propriétaire de chevaux de courses qui rafraîchit des effectifs.
Lors d’une course à réclamer ; Une course est organisée et les participants sont à vendre, un prix minimum étant fixé pour chacun. A l’issue de la course, l’offre la plus élevée est retenue (mais le propriétaire peut aussi faire une offre s’il souhaite conserver son cheval).
Astuce : vous pouvez aussi louer la carrière sportive d’un cheval ! De nombreux éleveurs proposent cette formule. Ils récupèrent ensuite l’animal pour le consacrer à la reproduction. Mais durant toute la période où il court, vous serez considéré comme étant le légitime « propriétaire ».
Les étapes de la vie d’un cheval
- Un trotteur peut participer à des courses pendant 5 à 8 ans.
Avant de pouvoir participer à des courses prestigieuses, il doit faire ses preuves. Lorsqu’il a deux ou trois ans, s’il a réussi les minima chronométriques lors d’épreuves de qualification, il participe à ses premières courses : les épreuves qualificatives. S’il les réussit, il pourra participer à des courses. A l’inverse, un cheval aguerri qui n’a pas de résultats pendant une trop longue période devra repasser les épreuves qualificatives. Les meilleurs chevaux de chaque classe d’âge participent à des critériums. Au fil de ces successions sélections, émergent les champions qui participeront aux prix les plus prestigieux… et les mieux dotés ! Entre 5 et 10 ans, un cheval est dans la plénitude de ses moyens.
- Un galopeur suit un parcours proche, ne détaillons pas, avec des nuances selon le type de course (avec surcharge, avec obstacles, etc.)
Combien ça rapporte ?
Les prix que remporte le cheval lors de ses courses sont répartis comme suit :
- 15 % HT pour l’entraîneur
- 5 % HT pour le driver
- Tout le reste pour le(s) propriétaire(s)
Une stratégie de Didier Louis
L’idée est simple : nous nous regroupons à 3 ou 4 pour acheter un cheval à réclamer « parisien » (26 000 euros en moyenne). N.D.L.R. : voir en début d’article l’explication d’une course à réclamer. Grâce à mes contacts avec les professionnels, avant de faire notre choix, je peux vérifier que le cheval n’a pas de vice caché et je m’occupe de toutes les formalités administratives. Cette prestation est exécutée pour une commission réduite de 10 %. Afin de limiter les risques, cette démarche implique que l’investisseur accepte l’idée que le cheval puisse recourir rapidement dans une course à réclamer et ainsi qu’il change à nouveau de propriétaire. Bien entendu, si nous réclamons un cheval qui montre des progrès, nous le conservons plus longtemps afin de l’engager dans des courses plus importantes. Je vous rappelle que les gains obtenus en course ne sont pas soumis à l’impôt.
Prenons un exemple :
- On réclame un cheval 26 000 euros (frais et commissions inclus).
- 15 jours plus tard nous décidons de lui faire courir une course à réclamer à 25 000 euros. (Pris minimum de vente fixé à 25 000 €)
- (il en existe aussi à 40 000 €, souvent en rendant 25 m)
- S’il gagne, il se peut qu’il soit réclamé à nouveau
Bilan : nous avons perdu 1 000 € sur l’achat, mais nous avons gagné 10 000 € (non imposable) en course soit un bénéfice net 9 000 € , – 1 mois de pension… sans parler du plaisir de la victoire ! (S’il est réclamé à 40 000 €, plutôt que de perdre 1 000 €, nous gagnons 14 000 €) S’il n’est pas réclamé… l’aventure continue, et les gains en courses restent acquis !
L’achat d’un cheval à réclamer va de 15 000 à 20 000 €. En association, la part de 20 % variera de 4 000 à 5 000 € ; la pension, tous frais compris, se situant, elle, aux alentours de 270 € (par part de 20 %) par mois.
- Nérimée, est passée à réclamer le 18/02/05 à Enghien
Ses gains à cette époque étaient de 17 000 € ; à ce jour ils atteignent 203 625 €.
Il est bien évident que l’achat de chevaux de qualité différente peuvent donner des gains moins importants ou des investissements non rentables.
Pour acheter moins cher encore
Le vendeur d’un trotteur ajoute souvent une clause de redevances. Ainsi, si le cheval atteint des objectifs fixés lors de l’achat, le vendeur touchera une somme complémentaire. Cette formule permet d’acheter moins cher. Elle montre aussi la confiance que le vendeur a dans les performances futures du cheval, ce qui est plutôt bon signe (du moins entre personnes de bonne foi).
Important : le propriétaire qui n’entraîne pas lui-même son cheval est exonéré d’impôts sur les gains de son équidé. Par contre, en cas de revente avec bénéfice du cheval, il sera imposé (BNC).
Quelques adresses utiles
www.didierlouis.fr, ce professionnel, qui a créé l’agence IDEF (Ile de France), Didier Louis et l’Agence IDEF donne de nombreuses informations sur l’achat groupé de chevaux de courses. Il propose un panel de services : de la simple acquisition d’un cheval à la gestion complète de sa carrière de course, en passant par l’entraînement, l’hébergement et les soins vétérinaires.
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